Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

glaise ne supporterait plus sans frémir un règne catholique. Ses passions de femme l’aidaient à comprendre ses devoirs de reine[1]. L’union intime d’Élisabeth avec son peuple mit fin à la puissance du saint-siége en Angleterre. Par l’alliance de la Réforme avec la royauté, Élisabeth donna au trône un appui solide ; elle posa le plus sûr fondement de cette monarchie aristocratique et épiscopale, qui devait apparaitre au siècle suivant sous sa forme parfaite.

Dans l’état de perturbation et de guerre où la Réformation jetait la république chrétienne, le soulèvement des Pays-Bas amenait une crise très-forte, et qui pouvait devenir définitive. Pendant que la Hollande tenait en échec les armées de Philippe II, la France, l’Allemagne, l’Angleterre, si souvent, si sérieusement menacées par l’esprit de domination de la maison d’Autriche, et en ces derniers temps par le zèle du roi d’Espagne, respiraient et pouvaient chercher à s’entendre. « C’est nous secourir nous-mêmes que de secourir le prince d’Orange », écrivait, dès l’année 1572, un habile politique[2]. Mais cette importance des affaires de la Hollande était encore à peine entrevue par

  1. Élisabeth avait été avertie par le prince d’Orange d’un projet de mariage entre don Juan d’Autriche et Marie-Stuart, formé par le pape Grégoire XIII et le duc d’Albe. Ce projet, et la passion qu’inspira la reine d’Écosse à plusieurs seigneurs catholiques de l’Angleterre, ne contribuèrent pas peu à rendre Élisabeth irréconciliable avec l’Église romaine, à laquelle elle devait bientôt jeter, comme un défi, la tête de sa belle rivale.
  2. Walsingham, Mémoires.