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Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/76

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lenteurs[1] ; la reine Élisabeth exhortait, encourageait ; mais, parcimonieuse, circonspecte, ne voulant se brouiller définitivement ni avec la France ni avec l’Espagne, « elle poussait le temps avec l’épaule »[2], ne donnait que des secours insuffisants, des conseils dérisoires et de fausses espérances[3].

En 1575, le prince d’Orange, qui dès l’origine du soulèvement n’avait pas estimé que la Hollande, réduite à ses propres forces, put tenir au delà de deux ans, qui avait déjà perdu trois de ses frères sur le champ de bataille, engagé tous ses biens, vendu tous ses objets précieux, et qui, pour se procurer l’argent indispensable à la continuation de la guerre, avait poussé l’esprit de sacrifice jusqu’à offrir sa personne en otage, écrivait à son frère « Ce petit coin de pays résiste à d’effroyables armées venues de tous les bouts du monde, sans qu’aucun autre pays ou prince, par l’espace de cinq

  1. « Les lenteurs de l’Allemagne nous tuent », écrivait le prince d’Orange à Jean de Nassau. (Groen van Prinsterer.)
  2. La Pise, Histoire des Princes et Principautés de la maison d’Orange, IVe partie, p. 426.
  3. En 1576, Élisabeth prêtait à grand’peine aux états généraux la somme de vingt mille livres sterling, à la condition que les Provinces ne changeraient ni de roi ni de religion. Elle conseillait, entre autres choses, de se réconcilier avec le roi d’Espagne « sous des conditions gracieuses et raisonnables. » La Pise, IVe partie, p. 424. Une autre fois, comme les ambassadeurs des états la pressaient de donner une réponse définitive, elle leur disait en riant « Pauvre gens que vous êtes ne vaudrait-il pas mieux aller à la messe, que de vous exposer à tant de maux ? Si vous n’y croyez pas, que n’y allez-vous comme à un jeu de marionnettes ? » (Brandt, Histoire de la Réformation des Pays-Bas, livre XI.)