Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/75

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les princes. C’est à peine si les gouvernements pressentaient la solidarité des États protestants et la connexion intime des intérêts religieux avec les intérêts politiques. On est surpris de voir par quels efforts d’éloquence, par quelle suite et par quel art dans les négociations le prince d’Orange arrachait quelques promesses aux souverains[1] ; on a peine à comprendre la froideur que rencontre un si grand homme dans une entreprise où il sert évidemment la cause de tous. Le roi de Danemark, qui avait introduit la Réforme dans ses États, la Suède, d’où devait sortir au siècle suivant son plus héroïque défenseur, refusent à Guillaume tout secours. Les princes d’Allemagne lui fournissent, à la vérité, quelques troupes, mais sans les payer, et qui font échouer ses premières campagnes par leurs continuelles mutineries. L’empereur Maximilien, tout en approuvant le refus qu’avait fait Guillaume de comparaître devant le Conseil des troubles, défendait qu’on fit dans ses États des levées contre le roi d’Espagne ; la harangue de Sainte-Aldegonde à la diète de Worms émouvait l’Allemagne, mais ne l’arrachait pas à ses

  1. Il faut lire, pour s’en former une idée, la correspondance suivie que Guillaume entretient avec les princes ; les lettres innombrables que lui et ses deux frères, Jean et Ludovic, adressent sans se lasser à la reine d’Angleterre, au roi de France, aux rois de Suède et de Danemark, au régent d’Écosse, aux commissaires de l’empereur, aux personnes influentes de tous les pays, traitant chacun diversement, selon son caractère et ses passions, avec une politique consommée. Groen van Prinsterer, Archives de la maison de Nassau.