Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/79

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Charles IX, Louis de Nassau avait fait valoir uniquement les intérêts de ce prince ; il avait flatté ses vues sur la couronne impériale, tout en laissant entrevoir à la reine Catherine le duché de Brabant pour son fils cadet, le duc d’Alençon. L’amiral de Coligny appuyait ces négociations. En 1571, il présentait au roi un Discours de Sainte-Aldegonde pour entreprendre la guerre contre les Espagnols ès Pays-Bas[1] ; et il lui exposait si bien les avantages de cette guerre, que Charles IX en était venu à promettre par écrit au comte de Nassau qu’il l’assisterait de toutes les forces de son royaume[2]. Déjà d’ailleurs, il était question du mariage du duc d’Anjou, frère aîné du duc d’Alençon, avec la reine Elisabeth.

Le massacre de la Saint-Barthélemy suspendit brusquement ces négociations. Il les suspendit, mais sans les rompre. A peine les premières fumées du sang dissipées, la cour de France renoua ses intrigues. Pendant qu’elle se faisait à Madrid un honneur et à Rome un mérite de cette œuvre de foi, elle s’excusait de son mieux auprès des princes protestants, et s’efforçait de les persuader que ce massacre, qu’elle représentait comme un mouvement tumultuaire suscité par les Guises, n’avait pas été fait en haine de la religion. Elle prenait surtout à tâche d’apaiser Élisabeth, et de rame-

  1. Groen van Prinsterer, tom. III}, p. 283 et 412.
  2. Gachard, Correspondance de Guillaume le Taciturne, t. II, p. 269.