Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/80

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ner le prince d’Orange, en proposant cette fois le mariage du duc d’Alençon avec la reine, afin de consolider et de rendre manifeste l’alliance de la France et de l’Angleterre contre l’Espagne.

Le prince d’Orange se montrait favorable à ce projet. Il avait adopté sur le duc d’Alençon l’opinion des huguenots de France, qui avaient mis en lui le plus aveugle espoir[1]. Il était disposé à croire, avec le parti des politiques, dont il s’était beaucoup rapproché en ces derniers temps, que le duc d’Alençon aurait le pouvoir et la volonté de procurer en France et aux Pays-Bas, si on l’intéressait directement à leur sort, la réconciliation des catholiques et des protestants, et la paix de religion que Guillaume aurait voulu donner pour base à la République. Les promesses du duc d’Alençon au comte de Nassau étaient formelles. Devenu duc d’Anjou par l’accession de son frère au trône de France, appelé par la noblesse wallone à la défendre contre don Juan d’Autriche, et investi par les états généraux du titre de protecteur de la liberté belgique, avec promesse de le préférer à tout autre si l’on se voyait forcé de retirer l’allégeance au roi d’Espagne. François de Valois, malgré le mauvais succès de son expédition en 1878, avait laissé aux Pays-Bas une impression favorable. Enfin Élisabeth, qui refusait positivement pour

  1. L’aveuglement de Téligny et de quelques autres seigneurs avait été jusqu’à croire que le duc d’Alençon embrasserait la religion reformée.