Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/83

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caine des états avait pris ombrage de ces pouvoirs croissants ; elle se plaignait de la dictature et aurait voulu revenir à un gouvernement plus conforme aux usages anciens. Des discussions vives étaient survenues. On avait adjoint au prince d’Orange, sous prétexte de le soulager, un conseil (Landraad) qui prétendait diriger jusqu’à la marche des troupes et qui le gênait dans toutes ses opérations. On lésinait sur les fonds on lui faisait attendre les subsides dont chaque province voulait rejeter sur l’autre la charge la plus lourde. Quand le péril était proche, les états se jetaient dans les bras du prince d’Orange et lui prodiguaient l’argent, sentant bien qu’ils n’avaient pas d’autre défenseur que lui. Le péril passé, on recommençait les chicanes, et l’on apportait mille entraves à l’action prompte et vigoureuse que réclamaient les circonstances.

Guillaume supportait ce qu’il ne pouvait empêcher ; mais il était navré de ces divisions intestines, de ces défiances qui faisaient perdre un temps précieux et donnaient tant d’avantages à l’ennemi commun. A plusieurs reprises (de 1574 à 1576), désespérant de concilier tant de préjugés et d’intérêts hostiles, il reproche amèrement aux états leur parcimonie, leurs irrésolutions, leurs lenteurs ; il va jusqu’à offrir sa démission et parle de quitter le pays. Les états de Hollande s’étaient bien gardés d’accepter cette démission. Dans la séance du 12 novembre 1574, ils avaient répondu au prince d’Orange en le suppliant de con-