Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/86

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adressa plusieurs mémoires aux états généraux[1] pour leur démontrer l’excellence d’un tel choix il exposa avec vivacité le triste état du pays, usé par la guerre défensive à laquelle on était réduit ; la puissance croissante de Philippe, qui venait de s’emparer du Portugal, et, avec le Portugal, de tout le commerce des Indes ; l’urgence d’un prompt secours, sans lequel on ne pourrait jamais faire la guerre offensive ; les hasards de l’alliance anglaise, les refus d’Élisabeth, les promesses du duc d’Anjou : il décida enfin les états à envoyer en France une ambassade.

Le 12 août 1580, Philippe de Sainte-Aldegonde partait avec une suite nombreuse de gentilshommes pour aller offrir au duc d’Anjou la souveraineté des Provinces-Unies ; et, le 29 septembre de la même année, l’on signait, au château du Plessis-lez-Tours, un traité qui fixait les conditions auxquelles le frère unique du roi très-chrétien acceptait, pour lui et pour ses descendants, cette souveraineté.

Ces conditions étaient fières, conformes aux traditions d’indépendance des Pays-Bas ; telles enfin, selon l’expression de Guillaume d’Orange, « que le prince ne put faire le mal, encore qu’il le voulut. » Le duc d’Anjou les accepta néanmoins et sans discussion, impatiente qu’était son ambition irritée de réparer un premier échec dans les provinces wallones, de chercher fortune hors

  1. 29 décembre 1579 ; 9 janvier 1580. (Van Meteren. Histoire des Pays-Bas, livre X, fol. 183. )