Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/90

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été imaginable ; et que d’ailleurs on avait signé à différentes reprises avec les villes et les territoires catholiques, qui s’étaient joints librement à l’Union, des compositions ou satisfactions par lesquelles on leur garantissait, de la manière la plus formelle, l’exercice public de leur culte. On peut même affirmer que cet acte rigoureux, opposé aux idées et à la pratique constante du prince d’Orange, était également contraire à l’esprit général des états ; qu’il n’était pas l’expression vraie des sentiments de la noblesse et de la bourgeoisie, portées à la modération religieuse, qui avaient proclamé tout d’abord et qui devaient finir, après de vives luttes contre le fanatisme, par faire prévaloir dans toute la République la liberté de conscience[1]. La résolution du 20 oct-

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    nihil feerunt contra, ergo omnes palibulari, disait la légende d’une médaille frappée en 1568, et qui représentait les divers supplices de l’inquisition. — Les catholiques avaient pris cette devise : « Mon cœur est pour Rome ; mon bras pour la liberté. (F. de Berklay, t. III, p. 139.)

  1. Je trouve dans un manifeste des états de Hollande et de Zéelande, publié en 1578, ce passage remarquable, surtout pour le temps où il fut écrit : « Telle est la nature de notre gouvernement que les papistes mêmes, qui ont embrassé notre parti par amour pour la cause commune, nous sont fidèles en vertu de leurs promesses solennelles ; c’est pourquoi nous aurions dû leur accorder l’exercice public de leur religion. En effet, nous tolérons les anabaptistes mêmes, étant convaincus que l’orthodoxie est un don de Dieu, et que les hommes ne doivent pas y être poussés par la crainte de l’exil ou de quelque autre peine, mais y être invités par des exhortations charitables. » (Brandt. liv. XI.) Dans une remontrance publiée par les magistrats de Leyde, en réponse aux canons du synode de Middelbourg (1582), il est dit « Dieu nous a fait la grâce de nous délivrer du joug des papistes ; mais les hommes violents ont été poussés par un zèle aveugle à persuader aux magistrats qu’il est de