Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/89

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allèrent plus loin : par une résolution rendue publique, le 20 octobre 1581, ils interdirent l’exercice public et privé de la religion romaine dans toute l’étendue de la province, confisquèrent les biens de l’Église, exclurent les catholiques de tous les emplois et de toutes les magistratures.

Cette résolution extrême était tout à la fois une faute et une iniquité : une faute parce que, en portant atteinte à l’acte fondamental de l’Union d’Utrecht qui établissait par toute la République la liberté de conscience, elle allait en quelque sorte délier de leur serment les provinces et les villes catholiques et les rejeter presque forcément dans les bras du roi d’Espagne ; une iniquité, parce que les catholiques, qui formaient à peu près les neuf dixièmes de la population[1], s’étaient soulevés comme les protestants contre la tyrannie espagnole ; qu’ils avaient souffert comme eux la persécution et la mort[2] ; que, sans leur concours, le succès n’eût pas

  1. En 1585, on comptait encore en Hollande dix catholiques contre un protestant. En 1652, ils formaient à peu près la moitié de la population, et, vers la fin du dix-septième siècle, seulement le tiers. Cerisier, Tableau de l’Histoire des Provinces-Unies.
  2. « De fait, ils avaient tous été enveloppés sous la malédiction de cette sentence de larmes et de sang prononcée par l’inquisition d’Espagne, les protestants comme hérétiques, les catholiques comme fauteurs et conniveurs à l’hérésie ; ceux-là pour en avoir fait profession ouverte, ceux-ci pour avoir usé de support envers les autres ; les premiers pour être coupables du crime de commission, les seconds du crime d’obmission, et tous comme criminels de lèse-majesté au premier chef, condamnés à perdre corps et biens. » ( La Pise, IVe partie, p 365. ) – Hœretici fraxerunt templa, catholici