Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/95

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testants, les catholiques étaient combattus entre la patrie céleste et la patrie terrestre. Le génie du prince de Parme profita de ces combats intérieurs ; l’habileté de la compagnie de Jésus fit le reste. Il vint un moment où le peuple put croire, non sans raison, que les catholiques, dispensés par leur soumission au pape de tout devoir envers la patrie, étaient des auxiliaires douteux, des ennemis cachés, à qui l’on ne pouvait sans danger confier les secrets d’État et le commandement des forces publiques. Quelques théologiens calvinistes soutinrent la doctrine pratiquée par la cour de Rome envers les protestants, et déclarèrent qu’on n’était pas tenu d’observer les traités ni de garder les conventions faites avec les catholiques[1]. Ils dénoncèrent comme libertins, esprits forts et athées, les magistrats qui ne voulaient point souffrir la contrainte religieuse ; ils parlèrent irrespectueusement des états ; ils osèrent attaquer le prince d’Orange, et dire en chaire qu’il n’avait ni Dieu ni conscience[2]. Les magistrats sentirent qu’il fallait céder pour un temps ils permirent la tenue d’un nouveau synode à Middelbourg

  1. Il faut dire à l’honneur de plusieurs théologiens, consultés à ce sujet par le comte Jean de Nassau, qui déplorait ces tendances et qui se flattait d’agir sur l’esprit populaire par une décision des ministres, qu’ils établirent dans leur réponse que ces traités devaient être sacrés et inviolables.
  2. « Les plus hardis l’appelaient publiquement athée dans la chaire et l’accusaient de n’avoir ni foi ni loi… Il est certain qu’il avait toutes les peines du monde à se soutenir contre cette cabale dévote. » ( Jean de Witt, Mémoires. IIIe partie, ch. 1er.)