Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/97

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beaucoup souffert de la disette, les reçut avec transport ; elle étourdit de ses acclamations son libérateur.

Depuis la mort de don Juan d’Autriche, Alexandre, fils de Marguerite d’Autriche et d’Ottavio Farnèse, prince de Parme, commandait seul aux Pays-Bas, pour le roi d’Espagne. Ce grand capitaine s’était formé, comme le prince d’Orange, à la cour et dans l’intimité de Charles-Quint, son aïeul ; comme Guillaume, il y avait développé de profonds instincts politiques. Chargé par Philippe II, qui commençait à entrevoir la séparation définitive des provinces bataves, de ramener du moins à l’obéissance la totalité des provinces wallones, dont une partie considérable tenait encore pour le prince d’Orange, Alexandre Farnèse tâchait d’atteindre ce but, par des moyens entièrement opposés à ceux qu’avaient employés ses prédécesseurs. Au lieu de continuer à fouler ce pauvre pays, dépouillé, ruiné, dépeuplé, réduit à la famine, poussé au désespoir par la terreur religieuse et les exactions des hommes de guerre, il cherchait à le relever par la justice, à le gagner au roi par la douceur et par la clémence. Il avait rétabli dans ses armées une stricte discipline, se montrait envers le peuple humain et généreux, et savait attirer les grands par des concessions, par des caresses, par des magnificences, tout en fomentant sous main les jalousies qui divisaient de temps immémorial la noblesse wallone et la noblesse flamande, et que venaient de