Page:Agoult - Lettres républicaines.djvu/21

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doutes. Avec cette éloquence sévère que vous puisez dans une philosophie profonde des choses, comment n’eussiez-vous pas gagné à l’ensemble de vos idées une adhésion venue d’elle-même au-devant de quelques unes des plus importantes ? La concordance admirable de votre système avec les grandes lois qui président à la formation des êtres eût frappé les moins bien prévenus. On eût compris comment de l’étroite solidarité de toutes les parties du corps social vous faisiez ressortir la plus parfaite unité, la liberté la plus étendue. Vos institutions communales, par exemple, n’eussent point été repoussées. Cette extension puissante donnée à la vie collective, exposée, expliquée par vous, aurait paru à tous aussi nécessaire à la plénitude de la liberté que l’institution de la présidence est souhaitable pour fonder l’unité dont elle est le gage et le signe.

L’opinion publique, peu éclairée encore sur ces matières, le sera, espérons-le, par la discussion de l’Assemblée. Puisse votre santé, si éprouvée par les travaux et les soucis de tout genre, vous permettre alors de monter à la tribune et de développer, comme vous l’avez fait en plusieurs rencontres, au sein d’un auditoire trop circonscrit, dans l’abandon de l’intimité, l’enchaînement logique et la connexité d’un système auquel on ne saurait rien enlever sans porter atteinte à cette harmonie vitale dont vous avez demandé le secret à la science, à l’histoire, à la raison humaine !

On paraît d’accord, quant à présent, sur la question de la présidence. C’est, en effet, la plus facile à saisir, et les objections présentées ne sont point sérieuses. L’autorité d’un seul, a-t-on dit, quelque limitée, quelque responsable, quelque révocable qu’on la suppose, blesse le sentiment d’égalité sur lequel repose la République. Mais quelle étrange notion d’égalité dans l’autorité se forment donc les esprits capables d’une telle objection ? Où cette égalité se rencontre-t-elle ? Qui l’a jamais vue ? Qui l’a pu rêver ? Interrogeons toutes les époques de l’histoire ; remontons avec Jean--