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LETTRES RÉPUBLICAINES.

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XI.

À HENRI DE BOURBON,
COMTE DE CHAMBORD.




2 septembre.


Prince,

Depuis quelque temps une rumeur, vague d’abord, mais de plus en plus accréditée, se répand, qui attribue au parti légitimiste un redoublement d’activité dans des projets hostiles à la République. On signale des menées ; on nomme des agitateurs. L’opinion générale est qu’un plan, je ne voudrais pas dire un complot, existe, dont le but serait d’opérer un soulèvement qui remettrait en vos mains, Monseigneur, à une époque assez peu éloignée, le gouvernement de l’Etat de France.

J’ignore si de semblables suppositions reposent sur quelque fondement. J’inclinerais plutôt à les croire tout à fait chimériques. Mais ce dont je me porterais garant, prince, sans avoir jamais eu l’honneur d’approcher votre personne, c’est que, si vous donniez les mains à des tentatives de cette nature, votre religion aurait été surprise et votre patriotisme étrangement trompé.

Ce patriotisme est trop pur, trop désintéressé, j’en ai la persuasion, pour obéir aux suggestions de l’orgueil. Cependant, on peut craindre, sans vous offenser, qu’il ne se laisse séduire par les conseils d’un zèle aveugle. Ce serait unique-