Page:Agoult - Lettres républicaines.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une guerre périlleuse l’espoir de verser pour la patrie un sang expiateur.

Leur établissement, on l’affirme, coûterait moins à l’État que la déportation transatlantique, leur vie moins que leur mort ; le sillon du laboureur serait moins chèrement payé que la fosse du banni…

Aux temps de la Grèce antique, quand tout était encore symbole, poésie, beauté, amour, des Suppliantes vêtues de lin, le front ceint de bandelettes blanches, portant le rameau sacré et les ornemens aimés de Jupiter, venaient embrasser ses autels ; et, sûres d’être exaucées, elles demandaient les douceurs de la patrie à une terre hospitalière.

Aujourd’hui, suppliantes invisibles, cachant à tous les yeux leur dénuement et leur angoisse, des épouses, des mères, des sœurs qui n’osent arriver jusqu’à vous, sentent retomber sur leur cœur en effroi leur prière découragée… Entendez-les, exaucez-les ! Au nom d’un Dieu qui connut l’exil, au nom de la patrie sauvée, ne repoussez pas de son sein les Suppliantes !