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ODES 149.

Qui es cendres d’himennee
Consomm’ au jourdhuy l'amour.

C’est assez prouvé l'adresse,

La vertu & gentillesse
Et des cors & des espris :
Au coucher, que la journée
Trop longue est bien ordonnée
A d’autres coups entrepris !

L’estoille du ciel plus claire

Qui se couche la premiere
Donne le plus de clarté,
Et me semble, à voir sa face.
Qu’une undelette se trace
Sur le lis de fa beauté.

Je voy tremblotter sa bouche :

Ha ! c’est qu’elle craint la touche
De ce brave combatant :
Si fault il les laisser faire,
Crains tu un doux adversaire
Qui te craint & t'aime tant ?

Tu te trompes, car tes larmes

Ne font pas mourir ses armes,
Ce beau vermeil et ce blanc
Croissent son cueur et sa gloire
Et il n’est belle victoire
Que par la perte de sang.

Va t’en, Nimphe bienheurèe.

Souffrir constante, asseuree,
Par tel la plaie du jour
Et la plaie d’himenee,
A qui tu avois donnée
L’autre plaie de l'amour.