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oppressée, il a peur, il est sujet aux phobies, il a peur des voyages en chemin de fer (sidérodromophobie), mais il a surtout peur de la nuit, c’est un nyctophobe et il sent sa responsabilité.

Un jour qu’il conduisait son train, le pauvre diable
Vit le disque fermé malgré qu’il fut tout vert.

Panais renverse la vapeur, stoppe la machine ; un convoi qui suivait, arrive et prend le rapide en coccis, déterminant une terrible catastrophe.

La Compagnie, un mois après, fut appelée
Devant les tribunaux, comme civilement
Responsable, et se vit condamnée amplement.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Touchant Panais, le jugement dit :

Touchant Panais, le jugement dit :Attendu
Que Panais est un simple idiot, pas autre chose
Qu’il importe dès lors de le mettre hors de cause ;
L’acquitte, le renvoie indemne et l’interdit ;
Le prive de ses droits civils, ordonne et dit
Qu’il sera dès ce soir reçu dans un asile
Où, défrayé de tout, à titre d’imbécile,
Il sera mis ès mains des hommes dits de l’art.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Or j’ai vu ce pauvre être, hier, à Ville-Evrard.

Il est fou tout-à-fait, et se prend pour un disque !!!
Parfois, une heure ou deux, droit comme un obélisque,
Il demeure immobile et sans un mot, tourné
Vers le mur de l’hospice, un mur illuminé
De soleil et qu’habille une frondaison verte,
Voulant dire par là que la voie est ouverte.
Puis, sur ses lourds talons évoluant soudain,
Le dos au mur, alors et le nez au jardin :
« Je suis fermé, dit-il, que le convoi recule ! »

Et je ne trouve pas cela si ridicule.

Cette pièce n’a pas besoin d’analyse. La plupart des symptômes que nous avons énumérés au début s’y retrouvent, en particulier