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L’ILLUSTRE MAURIN

chiens. Alors, cogne sur l’homme, mon homme, quand il bat le chien, car en frappant sur le chien, il a frappé sur mieux qu’un homme. Le chien ne parle pas, il jappe, et quand il le voudrait, il ne trahirait pas le secret de lui-même.

— Encore une journée comme celle là et Sandri va bien rire, se disait Maurin.

Malheureusement cette journée n’était pas finie. Le soir même, comme Maurin portait un héron magnifique à la villa de son prince russe, à Saint-Raphaël, il aperçut devant lui sa fille…

Il hâtait le pas dans l’obscurité commençante, pour la rejoindre, quand un homme bien mis s’approcha de la fillette qui retournait à la villa du prince chez lequel, depuis quelque temps, elle était placée comme lingère.

Thérèse fit un petit cri et pressa le pas. L’homme la suivit, avec toutes les allures de ceux qui, malgré elles, suivent les femmes. Elle lui échappa enfin et disparut prestement sous le portail du parc de la villa.

Maurin aborda le monsieur qui, inquiet, s’exclama :

— Que me voulez-vous ?

— Monsieur, dit Maurin, lorsque, tout en étant un brave homme, on fait son métier de coq, qui est de rechercher les poulettes, — c’est la force de la nature ! — il faut, si l’on est un brave homme, s’adresser à celles qui ne demandent pas mieux.

Et comme le monsieur voulait s’esquiver, Maurin d’une main ferme le maintint par le collet et gravement lui dit :

— Vous entendrez ma leçon, jeune homme ! Je vous dis de vous adresser à celles à qui plaira votre vilaine figure. Je n’ai jamais fait autrement. Il faut être un peu