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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/148

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L’ILLUSTRE MAURIN

misère, préférez celle qui vous permet de vivre au soleil, lequel n’est pas plus beau, plus chaud, plus réjouissant pour M. Caboufigue le riche, que pour le dernier des pêcheurs d’arapèdes.

Et s’adressant à Maurin :

— Connaît-il Bernard ?

— Il n’en a jamais entendu parler. Parlez-lui-en, si vous voulez, monsieur Rinal.

— Allez chercher Bernard, Maurin.

Comme Maurin allait sortir :

— C’est inutile. Le voici qui vient pour sa leçon.

L’enfant entra.

— Bernard, lui dit brusquement M. Rinal, je vais te faire passer un examen… Qu’est-ce que c’est qu’un contrebandier, le sais-tu ?

— Oui, monsieur Rinal.

Et d’un ton un peu monotone, comme s’il eût récité sa leçon :

— C’est quelqu’un qui se procure des marchandises soumises à l’impôt de la douane et qui les fait entrer par fraude. Un contrebandier vole ainsi l’État, l’épargne commune. Il est comme serait un fils qui s’imaginerait ne pas être un voleur parce que, dans sa propre maison, il prendrait le bien de son père et de ses frères. Ce qui excuse un peu sa faute, c’est le courage qu’il montre à courir de grands périls ; mais ce qui l’aggrave c’est que, pour n’être pas pris, il s’expose journellement à tuer ; il en arrive presque toujours à supprimer des existences humaines, pour défendre sa liberté ; il fait des veuves et des orphelins.

— Et peux-tu me dire, Bernard, pour quelle raison l’enfant doit obéir à son père ?