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L’ILLUSTRE MAURIN

— Ouvrez la séance ! ouvrez la séance !

— Nommons un président par acclamation, citoyens !

— Oui, Cigalous !… Marlusse !… Maurin… Maurin !… M. Rinal !

— Nommez Maurin, dit Cigalous.

— Nommez Maurin, dit M. Rinal.

— Nommez Maurin, dit Marlusse dont la popularité soudaine allait croissant, ce qui déjà lui faisait des jaloux.

On se le montrait du doigt.

— C’est celui-là ? oui ! un fils de victime qui entre partout avec un bout de la corde avec laquelle son père fut pendu en 51.

— Laissez donc ! protesta quelqu’un. Je le connais, moi : c’est Marlusse… un farceur !… et même un abruti !… Il oublie, quand il parle, la moitié des mots.

— C’est vrai, dit un autre, je le connais aussi. Il est allé à l’Exposition de Paris, en 1889 ; il raconte qu’il s’y est perdu, qu’il a eu besoin d’acheter un plan de l’Exposition… Eh bien, croiriez-vous que ce mot plan, il l’oublie chaque fois qu’il veut le dire ?

— Ah ! c’est celui-là ? Nous savons qui c’est, alors. Elle est célèbre, son histoire.

— Ne le laissez pas parler !

— Vous pouvez y compter !

Une formidable acclamation couvrit toutes les rumeurs :

— Maurin ! Maurin ! Maurin ! à la présidence, Maurin !

Maurin se défendait.

— Acceptez, lui dit M. Rinal. C’est bon, cela, pour tous et pour vous-même. Je vous guiderai ; croyez-moi, acceptez.