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L’ILLUSTRE MAURIN

— Citoyens, dit Caboufigue, je suis un enfant du pays. Parti de rien…

— Pour arriver à pas grand’chose, interrompit Maurin.

Caboufigue imperturbable continua :

— Bien des communes savent que je suis prêt à les enrichir de statues et de fontaines… comme je l’ai déjà fait, et je vais vous lire ma profession de foi…

Une voix tranquille, une voix de tonnerre endormi, s’éleva dans le silence :

— Ze demande la parole pour un fait personnel…

On se retourna : un colosse s’était levé au milieu de l’Assemblée, cupressus inter calamos.

C’était Pastouré.

— Le citoyen Pastouré a la parole, s’écria Maurin joyeux.

— Té ! Parlo-Soulet va parler ? Tu vas parler, Parlo-Soulet ? Elle est bonne celle-là ! Qu’il va dire ? Vaï-li, vaï ! marche, en avant, à la tribune !

Pastouré parla de sa place, et, avec une fermeté extraordinaire, martelant les mots de sa voix la plus claire :

— Pas besoin de tribune pour ce que j’ai à dire. Ce que j’ai à dire, je ne sais pas le dire, malheureusement ; mais je veux le dire et je le dirai… Citoyens, les choses que je veux me dire quand je suis tout seul, je sais me les dire, mais je ne sais pas les dire, juste quand il faudrait les dire… Et cependant, je finirai par le dire… ce que j’ai à dire !… parce que je sais ce que je veux dire et c’est mon devoir de le dire.

Il respira largement et, appuyant sur chaque syllabe :

Mossieu Ca-bou-fi-gueu !