vous regardent. Je suis allé, venu, j’ai vu, j’ai écouté. Et j’ai quelque chose à vous dire qu’un peu plus j’allais oublier… il m’aurait fallu revenir.
« Vous avez chez vous, dans vos bois de Brégançon…
— Des bohémiens qui m’ennuient, interrompit M. de Siblas. On leur a enjoint de s’en aller, ils refusent. Ils traitent mes bois en pays conquis, en forêts vierges d’Amérique. Je finirai par les déloger, avec de la gendarmerie…
— Gardez-vous-en pour l’heure, monsieur de Siblas ! dit Maurin. Si vous prenez ce moyen, ils se vengeront…
— Et comment ?
— Ils mettront le feu à vos bois, il n’en faut pas douter… Et à vos bois, dit Maurin gaiement, j’y tiens, monsieur le comte, plus que vous, puisque vous n’y chassez pas, et que moi j’y chasse !… oh ! la bécasse seulement et le lapin… le perdreau aussi, mais pas les faisans ; d’ailleurs il n’y en a pas.
Le comte se mit à rire.
— Attendez encore quelque temps, poursuivit Maurin. Ces bohémiens ont, pour être là, une raison que je ne peux pas dire et qui peut d’un moment à l’autre disparaître ; j’y travaillerai. Mieux vaut pour vous, dans cette affaire, agir avec de la patience ; je parlerai à de pauvres diables de ma connaissance qui les excitent à rester où ils sont, et nous arriverons à les faire partir. Mais il faut un peu de temps.
— Au fait, dit le comte, je m’en remets à vous. Ces gens-là, après tout, ne me gênent guère, et pourvu qu’ils me déboisent pas plus d’un hectare !…
Il ajouta :