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L’ILLUSTRE MAURIN

ma maison de garde, dans une honnête maison, et ose me demander ma fille !… Hors d’ici, coquin !

— Je croyais, dit Maurin avec calme, les Corses toujours convenables envers leur hôte et moins sévères à l’habitude pour des bandits plus coupables que moi, quand bien même j’aurais fait les choses dont on m’accuse !

Orsini parut sensible à ce reproche.

— Et qui te dit que je n’ai rien d’autre à te reprocher moi-même ?

— Et quoi donc ?

— Tu ne le devines pas ? N’as-tu pas parlé au congrès l’autre jour contre Cabantous, un homme fidèle à la cause des Bonaparte, qui est la cause de tous les Corses ?

— Oh ! oh ! dit Maurin, c’est de cela qu’il retourne ?

— C’est de cela.

— Alors, beau-père, dit Maurin d’un air de raillerie méprisante, vous vous mêlez de ce qui ne vous aregarde pas.

— Un homme tel que toi amènerait le désordre dans ma maison, reprit Orsini avec force. Nous ne nous entendrions jamais. Je voterais d’une couleur et tu voterais d’une autre. Je veux un gendre dans mes idées, et non une manière de révolté, un homme qui est contre toutes les règles, un républicain et un anarchiste ! Hors d’ici, voleur de chien !

Tonia fit un pas vers son père qui la repoussa.

Maurin haussa les épaules.

— Il est très vrai, dit-il, que j’ai donné une bonne leçon à un chasseur qui battait son chien ; il est véritable que son chien m’a suivi et n’a plus voulu me