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L’ILLUSTRE MAURIN

quitter. Le nom de l’homme et son adresse à Cannes sont sur le collier ; je pensais à lui ramener son animal un jour ou l’autre. Eh bien ! je ne le lui ramènerai pas. La bête a choisi son maître. Je la laisse libre de retourner toute seule à Cannes, à pied ou par le train, c’est tout ce que je peux faire ! Quant à la condamnation, j’en suis fâché, mais en même temps je m’en moque ! Elle restera sur le papier. Un jour de prison qui est un jour, je ne le ferai pas. Une punition donnée pour un motif pareil, non, je ne l’accepte pas. J’ai pour moi la vraie justice. Saulnier a, d’une Société d’animaux, une décoration parce qu’il aime les renards et les belettes et qu’il s’en fait aimer. Il ne sera pas dit qu’un citoyen de France fera de la prison pour avoir protégé un chien !… Adieu, Orsini.

« Ni toi ni tes amis les gendarmes, vous ne me prendrez. Et si Sandri revient à ses projets de mariage avec ta fille, ce n’est pas pour avoir attrapé Maurin qu’on le fera brigadier, tu peux le lui dire et il en peut être sûr… Adieu, Tonia. Votre père est votre père. Respectez-le.

« Ce n’est pas moi qui vous détournerai de sa maison, mais je calcule que vous pensez autrement que lui et que vous n’êtes pas fille à mépriser Maurin aujourd’hui qu’il est malheureux, beaucoup plus malheureux qu’hier.

Tonia fit un pas vers Maurin qui se retirait. Orsini étendit le bras pour saisir sa carabine.

— Ici, Tonia !… Et toi, dehors, voleur !

Maurin, près de sortir, se retourna vers Tonia toute frémissante d’inquiétude :

— Vous le voyez, Tonia, dit-il, ce n’est pas ma faute.