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L’ILLUSTRE MAURIN

imbéciles comme vous, incapables de rien comprendre ! Que le bon Dieu le bénisse, il a fait métier de coïon ! Ah ! race de serviteurs imbéciles, plus malfaisants que la rage et aussi malfaisants que vos maîtres !… Les gens de l’autre commune ne sont donc pas des Français peut-être ? Et que fais-tu autre chose envers eux que métier de traître ? oui, de traître, je te dis ! et quand ils seraient des Prussiens, est-ce de la bave de chien enragé que vous devriez pousser contre eux ? Sauvages et stupides, voilà ce que vous êtes ! Va dire ça à ton Monsieur le maire, et je le lui répéterai moi-même !

— Bon ! Maurin ! ne te fâche pas, dit un des hommes, nous n’avons pas tant réfléchi… nous risquions notre peau quand même.

— Oui, pour épargner quarante sous ! et cent fois plus longtemps qu’en faisant votre devoir qui aurait duré la seconde d’un coup de fusil. Et c’est pourquoi je vous traite de brutes !… La rage ! la rage ! répétait Maurin, ils se renvoient la rage les uns aux autres ! d’une commune à l’autre ! pour s’épargner quarante sous à deux mille hommes qu’ils sont ! Et ça s’appelle un garde ! et qu’est-ce que tu gardes, puisque, pour économiser quarante sous à ta commune, tu mets en danger au contraire la vie des gens que tu dois garder !… mais quarante sous d’absinthe, vous ne les économiseriez pas, buveurs d’apéritifs que vous êtes !

Le garde à la fin s’impatientait.

— Ah ! mais, Maurin, dit-il, tu commences, sais-tu, à me rompre les échines ! Ça commence à bouillir, fais-y attention ! je pourrais me rappeler, compère, qu’il y a aussi des ordres contre toi.

— À présent, dit Maurin, que ces braves gens qui te