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L’ILLUSTRE MAURIN

ber sur leurs épaules son fragile fardeau. Il entendit un juron formidable. Sur le dos de Sandri la ruche s’était ouverte comme une pastèque.

Couverts de cire, de miel et d’abeilles, les gendarmes ne demeurèrent pas longtemps immobiles de stupeur. Une seconde, puis une troisième ruche, vint s’écraser à leurs pieds. Alors l’armée des mouches d’or en révolte entoura les représentants de la force publique, les attaqua, les enveloppa. Avec des jurons inutiles et répétés, vainement les deux assaillis voulurent fuir : tout un peuple, bourdonnant d’affreuses menaces, les suivait. Les trois, les quatre essaims firent alliance contre les deux hommes qu’ils prenaient pour les ennemis puisqu’ils emportaient le miel sur leurs manches, sur leurs échines et sur leurs chapeaux. Les plus avisées de ces porteuses de dard découvrirent le défilé sombre des pantalons et des manches, et s’y engagèrent… Et tout là-bas Parlo-Soulet, ayant levé les yeux, vit les gendarmes danser une gigue désordonnée… pendant que Maurin, sur le plateau de la colline, agitait joyeusement son chapeau, en signe de victoire !

Puis il disparut derrière la colline.

Pastouré ne s’expliquait pas d’abord la danse des gendarmes.

— Ils dansent ! ils dansent ! disait-il à haute voix, tout en riant. Il ne sera pas dit qu’ils n’ont pas dansé pour les noces de mon fils ! Oh ! oh ! voyez : ils dansent ! mais ça n’est pas une danse naturelle… Quelle musique leur a-t-il donc faite ? Ah ! ah ! j’y suis ! je comprends ! il les a emmiellés ! et les abeilles leur font jusque dans les oreilles la musique qui les fait danser !… Bon ! celui-là perd son chapeau maintenant !. Ramasse-le, si tu