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L’ILLUSTRE MAURIN

peux !… Jamais je n’avais vu gendarmes danser ainsi à deux, dans la colline ! Ne vous moquez donc plus, braves gens, si vous me voyez, des fois, gesticuler en parlant haut tout seul, car voici véritablement qui est mille fois plus drôle !… Un quadrille d’abeilles avec deux gendarmes en cavaliers seuls !… Tiens ! ils se tapent les cuisses comme s’ils riaient… Ah ! mais non, je comprends, sur leurs cuisses ils écrasent des mouches ! Et en avant, les cavaliers seuls !… Ce qu’ils auront de mieux à faire, c’est de finir par un grand galop !

Pour rendre complète la mésaventure des gendarmes, des bataillons de nuages qui, depuis une heure, couraient à contresens les uns des autres dans le ciel, prirent le parti de faire alliance. Ils se mirent à marcher tous dans le même sens à grande vitesse, puis ils parurent se solidifier en une voûte basse et sombre, qui tout à coup creva, et de laquelle, comme d’une formidable pomme d’arrosoir, l’eau se mit à couler par filets drus et innombrables. Cela calma les abeilles et rafraîchit la douleur des piqûres sur la peau des gendarmes, mais cela fit des deux braves serviteurs de la loi deux manières de noyés.

Nulle habitation aux environs… Ils reprirent piteusement le chemin de Roquebrune.

Par malheur pour Parlo-Soulet, l’eau du ciel n’avait pas, comme les ruches de Maurin, une raison toute spéciale de tomber uniquement sur les gendarmes. Elle tomba aussi sur lui.

Sous ce déluge, — Pastouré, contrairement à son habitude, bien qu’il fût seul, ne dit rien. Il n’apostropha point les nuées, ni le vent, ni l’eau. Assis sur son bran-