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L’ILLUSTRE MAURIN

Le capitaine de ville, il y a un quart de siècle, portait quelquefois l’armure complète des Montmorency que la ville de Draguignan, qui la possède, prêtait à la ville de Saint-Tropez. Mais à figurer dans les bravades, l’armure s’abîmait, se rayait, se bossuait… Draguignan a fait river les articulations des jambières et des brassards, et désormais la garde jalousement dans son musée.

Or, c’était une chose étrange que de voir Souventy en costume d’amiral moderne, entouré de sa garde de mousquetaires, les uns à pied, les autres à cheval, au nombre d’une centaine.

Souventy maniait la pique avec une dextérité et une élégance parfaites.

Tous les mouvements de la pique exigent une longue et difficile étude. Mais Souventy était un humble servant de la tradition et un véritable capitaine, de ceux qui savent commander parce qu’ils ont su obéir. C’était une joie de le voir saluer ceux à qui il rendait hommage.

Tantôt il élevait la pique au-dessus de son front : un tour sur la tête, — repos sur l’épaule. Tantôt il la présentait « par la main gauche », la main droite sur la couture du pantalon ; puis il en renversait la pointe à terre « en avant, repos sur les doigts de la main gauche ».

À côté des mousquetaires à cheval, dansaient les thivaous frux, sous la conduite des élèves de Lougeon. Ce sont, comme on sait, chevaux de carton, dont les robes flottantes cachent les jambes du cavalier qui les anime, les excite, les fait évoluer, galoper, caracoler, bondir et se cabrer.

Les mousquetaires avaient vraiment haute mine,