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L’ILLUSTRE MAURIN

fuir le suivait obstinément ! Et droit devant lui, sans s’occuper du désespoir et de la honte de son gendarme il nageait, nageait, filant toujours tout droit, comme attiré par l’autre rive du golfe !… Il nageait.. il fendait les eaux bleues. Pastouré lui jeta un regard de pitié.

— Pauvre de lui, pechère ! dit-il. Il ira comme ça jusqu’à Sainte-Maxime !… Il espère toujours la perdre en route (il parlait de la clarinette). C’est pour la laisser en arrière qu’il file si vite… mais je ne crois pas qu’il la perde. Il la tient trop bien !

« Un cheval, un cheval, mon royaume pour un cheval ! » criait en pleine bataille Richard III d’Angleterre démonté.

Plus heureux qu’un tel roi, Pastouré n’eut qu’à se remettre lourdement en selle.

— Victoire ! cria Maurin en saluant de son chapeau empanaché la belle Tonia qui riait au balcon, là-bas.

— À présent que nous sommes vainqueurs, dit Pastouré à Maurin, nous pouvons détaler…

Maurin lui passa un de ses tromblons, et tous deux, enfilant les rues tortueuses, gagnèrent par un détour habile la grand’route qui, longeant le golfe de Saint-Tropez, conduit à Cogolin.

Pendant ce temps, si l’on en croit la légende, le cheval de Sandri, toujours nageant et portant toujours son cavalier, approchait de la plage de Sainte-Maxime, délicieuse petite ville qui fait face, de l’autre côté du golfe, à la fière cité tropézienne.

Les gardiens du sémaphore de Sardinaux qui domine Sainte-Maxime braquaient leurs lunettes marines sur l’objet mouvant qu’on apercevait là-bas, au milieu des eaux tranquilles du golfe…