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L’ILLUSTRE MAURIN

Il se disait bien qu’en fuyant il avait pris le seul parti raisonnable ; que toute autre conduite eût été de sa part une fanfaronnade absurde… N’importe ! il fuyait, une trompe de chasse dans une main, un tromblon dans l’autre, il fuyait, lui, Maurin ! et, sans qu’il raisonnât ses impressions de regret et de honte, il les éprouvait fortement, il se sentait décidément un mousquetaire pour rire, indigne de sa ville natale, indigne du magnifique passé qu’elle affiche tous les ans sur les murs de la maison commune.

Il n’y eut pas bientôt jusqu’à la présence de son fidèle écuyer Parlo-Soulet, galopant derrière lui, qui ne fût comme un reproche dont il était talonné. Quoi ! ils avaient, à eux deux, deux chevaux, deux tromblons, une trompe ! ils étaient grisés du spectacle d’une bataille et de l’odeur de mille kilos de poudre !… et ils fuyaient !

Dans sa colère, Maurin éperonnait son cheval, et le gros Pastouré, dont le poids écrasait la monture, avait peine à le suivre !

Maurin, qui avait « une grosse avance », s’arrêta sous le pin Berthaud, témoin naguère de sa victoire contre Césariot. Pastouré le rejoignit.

— Parlo-Soulet, dit Maurin, si nous retournions à Saint-Tropez ? si nous flanquions une tripotée aux gendarmes ? L’occasion est belle. Nous filons comme deux péteux. Fuir, toujours fuir, ça m’ennuie à la fin ! Il y a puis un moment où les sangliers traqués se retournent et font tête aux chiens. Je ne veux pas passer ma vie à être pourchassé. Si nous leur donnions, à notre tour, la chasse, aux gendarmes ?

« Sandri, si je calcule bien, doit, à cette heure, ou