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L’ILLUSTRE MAURIN

bien être arrivé à Sainte-Maxime ou bien, comme un plomb, être au fond de la mer ! Un des autres « brasse-carré » est tombé sur la place avec son cheval, je l’ai vu, et il n’a pas pu se relever à temps pour nous suivre… Celui-là doit avoir les côtes malades. Allons jouer un bon tour à ses collègues… Ils n’étaient en tout que quatre ou cinq.

— Et quel tour ? interrogea Pastouré, soucieux et prudent.

— Je n’en sais rien, répliqua Maurin, mais ayant pour nous deux chevaux, deux tromblons et une trompe ! et contre nous seulement trois gendarmes, nous avons bien sûr de quoi nous amuser un peu, quoi qu’à vrai dire je ne voie pas au juste comment.

Parlo-Soulet secoua la tête :

— C’est l’odeur de la poudre qui te rend fou. Rappelle-toi, Maurin, que c’est bien assez d’avoir affaire à la gendarmerie quand elle vous cherche… Ne la cherchons jamais de notre sicar (de notre propre mouvement). En avant !

Et Pastouré donna du talon à son cheval.

— Tu dis : « En avant » mais tu tournes le dos à l’ennemi ! lui cria Maurin.

Et il exhala un gros soupir.

Il comprenait cependant que Parlo-Soulet avait raison, et quoique à contre-cœur il le rattrapa au galop.

— Je dis « en avant », lui expliqua alors Pastouré, parce que des gendarmes, si tu en veux absolument, pour sûr nous en trouverons à la Foux. Il n’y a pas de bonne fête sans gendarme. Des gendarmes et des gardes, il y en aura à la Foux, sur le champ de course, où l’on a construit ces jours-ci des arènes de bois et où