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L’ILLUSTRE MAURIN

aux gens de notre Camargue. Il faut croire qu’en effet ils ont plu à ce peuple du Rhône puisqu’il s’est mis à réclamer le droit de donner de ces spectacles que les Espagnols appellent des courses de mort. En Provence, en fin de compte, comprends-tu, Pastouré ? les courses de taureaux étaient des jeux où il y avait bien du péril pour l’homme, mais où il n’y avait ni danger pour la bête ni cruauté contre elle. On ne la torturait pas.

— J’ai entendu raconter que la torture, dit Pastouré savant, a été abolie par la Grande Révolution.

— Tout justement. Eh bien, les Espagnols nous apportent en Provence la torture contre les bêtes. C’est dégoûtant ! Et tu vois ! d’après ce que tu m’annonces, les voilà maintenant aux portes de Saint-Tropez, les Espagnols ! Ah ! si je pouvais les empêcher, ces courses !

— En attendant que nous les empêchions ; moi, je les verrai volontiers, dit Pastouré, pourquoi je ne sais pas ce que c’est.

— Eh bien, allons-y, alors !

Ils poussèrent leurs chevaux vivement.

Les arènes de la Foux se trouvaient sur le chemin que devait suivre Maurin pour regagner sa cabane, où il comptait reprendre ses vêtements habituels.

Les chevaux galopaient.

Les deux amis ne tardèrent pas à arriver sur le champ de course de Cogolin, en vue des arènes de bois dont les planches étaient couvertes d’affiches mi-partie jaunes et rouges.

Jaune, rouge, c’étaient les couleurs de l’Espagne, le ruisseau d’or entre des rives de sang.

Ces affiches pullulaient ; on en avait collé sur le tronc de tous les pins parasols environnants.