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L’ILLUSTRE MAURIN

séparaient le public de l’arène environ un mètre cinquante.

Tout le long de ces palissades intérieures courait une plinthe en saillie, sur laquelle pouvait prendre appui le pied des toréadors lorsqu’ils les voulaient franchir pour échapper au taureau.

Huit ou dix rangs de gradins s’étageaient autour de l’arène. Dans une loge décorée d’étamines tricolores avaient pris place plusieurs maires des environs, autour du sénateur Besagne. Les deux premiers rangs, qui s’appelaient places réservées, étaient occupés par des bourgeois, de riches propriétaires, des dandys de petites villes et de villages, des désœuvrés de Marseille, de Cannes et de Nice ; on remarquait quelques riches directeurs d’établissements honteux, venus de ces grandes villes en bogheys reluisants attelés d’excellents trotteurs.

À ces mêmes places réservées, cinq ou six gentilhommes des environs, habitués du champ de course de Cogolin.

Bref, les classes les plus diverses de la société étaient représentées dans ce nombreux public.

Les courses commençaient…

Deux cavaliers (picadors), aux jambières de tôle et armés de lances, couraient autour de l’arène.

Un premier taureau fut lâché… C’était, disait l’affiche, le terrible Empereur — taureau espagnol redouté, le même qui avait frappé à mort l’illustre El Tato, dont Gonzalès Tortillados seul héritait la gloire !

Empereur sortit du toril sans trop de hâte, et tout de suite Maurin reconnut un misérable petit taureau camarguais épuisé par trente courses récentes et autant de