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L’ILLUSTRE MAURIN

les spectateurs… et, sans lâcher son tromblon, le hardi mousquetaire bondit légèrement dans l’arène.

Le taureau ne se déplaça pas quand il vit venir à lui ce nouvel adversaire… sa tête ne fit pas un seul mouvement. Il restait là, cornes baissées, mais son pied se mit à creuser nerveusement la terre.

Le toréador, qui tournait le dos à Maurin, ne l’avait ni vu ni entendu venir ; il n’était occupé qu’à surveiller le fauve, car le taureau le plus paisible peut tout à coup se montrer redoutable. Aussi la foule ne respirait-elle plus.

L’arrivée de Maurin ne dérangea pas, mais tout au contraire accrut l’anxiété du public, son immobilité et son silence.

Un mousquetaire dans l’arène, cela d’abord n’étonna presque personne ; les uns reconnaissaient le bravadeur, les autres crurent qu’ils assistaient à l’entrée en scène d’un nouvel acteur, vêtu en Espagnol d’autrefois… mais tous également se rendaient compte d’une chose :

Le drame se corsait.

Tout cela n’avait pas duré longtemps.

Maurin, tranquille, son tromblon sur le bras gauche, marchait vers Mouredu Tortillados qui, demeuré immobile dans l’attitude du duelliste en garde, lui montrait son postérieur avantageux.

Dès qu’il arriva près du toréador qui ne gardait pas ses derrières, le mousquetaire leva sa botte droite… Pan !

Et Mouredu Tortillados tressauta, atteint en pleine rotondité par un magistral coup de pied.

L’étonnement de la foule suspendit une seconde l’ex-