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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE XXXIV


Où l’on verra par quel procédé léonin les grands viticulteurs algériens assurent l’abondance de leurs vendanges aux dépens des viticulteurs de Provence.


La renarde de Saulnier dressa l’oreille. La belette se rencoigna au fond du carnier, et une alarme tout à fait extraordinaire se produisit parmi la troupe des perdreaux. Le placide cantonnier les vit tout à coup dresser la tête sur leur cou rigide, la tenir un instant immobile, attentive, puis se mettre à courir éperdument dans la poussière du chemin, enfin prendre leur vol en désordre et s’éparpiller en tous sens, les uns montant par-dessus les pentes du coteau, les autres descendant vers le lit du torrent…

La renarde se mit vivement debout, parut humer l’air, et, brusquement, ayant flairé l’invisible ennemi, bondit dans le fourré où elle disparut.

Quant à la belette, elle ne donna plus signe de vie, blottie qu’elle était dans le carnier de cuir, entre le pain et la bouteille.

— Mes perdreaux ! se dit Saulnier, ne s’enfuient que devant les gendarmes !… et encore ! Il faut donc qu’on ait concentré toutes les brigades ! Elles vont passer en régiment ! Ça doit être contre toi, mon pauvre Maurin !