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L’ILLUSTRE MAURIN

sur sa tête à la manière de Secourgeon mon compère.

Elle lui tira la barbe, dans un mouvement d’irritation qui n’était pas chose feinte.

Lui, il aimait ces violences, le bravadeur.

— Il devait être bien drôle en effet, le toréador, reprit-il, quand mon pied crevait sa culotte et qu’il n’osait se retourner, occupé qu’il était à maintenir la bête à cornes en respect. Il est clair qu’à ce moment-là, s’il s’était occupé de son derrière, il était perdu.

Et dans la cabane de Saulnier, le mousquetaire et la belle fille riaient follement et entremêlaient de baisers leurs rires jeunes, leurs rires fous.

Elle lui dit :

— Je ne riais pas tout le temps, moi, je t’assure !… J’avais peur pour toi, je tremblais toute… Avec tout ça, acheva-t-elle, te voilà encore dans de beaux draps ! On va t’accuser d’avoir excité le monde à mettre le feu aux arènes !…

— On m’accuse de tout, dit Maurin. Un peu plus, un peu moins, à présent, qu’est-ce que ça peut faire ? Tout prend fin à la fin, et nous verrons la suite, et la fin aussi nous la verrons. Mais ce qu’il y a de bien sûr, c’est qu’ils ne m’auront pas de sitôt.

— Et que vas-tu faire maintenant ?

— Mon prince russe veut maintenant collectionner, après les oiseaux, les bêtes puantes de la montagne ; il lui faut des fouines, des belettes, des martres, et jusqu’à des musaraignes et des tortues des Maures ! Je m’associerai Lagarrigue qui est un piégeur fameux et, pendant tout juillet et jusqu’à l’ouverture de la chasse, nous piégerons de compagnie toute cette