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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/341

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L’ILLUSTRE MAURIN

par la poudre et le besoin de faire du mouvement, mais c’était beaucoup aussi parce que je te sentais présente et témoin de tout, et que je voulais te plaire !… N’est-ce pas qu’aux belles filles cela plaît toujours, de voir leur amoureux, l’épée à la main, se battre en homme hardiment ?

Tonia souriait, charmée, domptée.

— C’est vrai que tu étais magnifique, Maurin ! Tu avais l’air de leur roi à tous. Et mon père disait : « Ah ! le bon bougre ! » Et le monsieur sénateur et les maires ont applaudi… sans le vouloir, car il paraît que tu étais en faute.

— On est toujours en faute, dit le mousquetaire, dans ce pays-ci. En France, tout est défendu. Si je voulais casser des cailloux à la place de Saulnier, il serait en faute, je parie, et moi aussi. Si je voulais travailler le dimanche, je serais en faute, tout comme du temps où les curés nous gouvernaient. Sous la République, il faut être empereur pour tout se permettre.

— Empereur, dit-elle en riant, ou roi ! roi des Maures !

Ils s’embrassèrent joyeusement. Puis elle dit :

— Pour te revenir, le monsieur sénateur, pas loin duquel je passais, disait en sortant : « C’est un rude homme que ce Maurin ! Savez-vous bien que nous venons d’assister à un duel pour de bon ?… Le toréador volontiers lui aurait piqué le ventre ! »

— Je me méfiais ! fit le mousquetaire.

— Et figure-toi, c’était si drôle, si drôle — qu’on oubliait que vous couriez tous deux péril de mort.

— C’est ça le mérite, affirma le mousquetaire. Nous avions chacun trois choses pointues à éviter puisqu’il faut compter les deux poignards qu’un taureau porte