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L’ILLUSTRE MAURIN

Et il faut attendre, attendre, attendre…

Les premières lueurs de l’aube pointèrent, puis le soleil parut au-dessus du profil de la colline ; un rayon vint broder d’un fin liseré d’or, ici les chapeaux des deux gendarmes à moitié endormis, et là les longues oreilles du paquet toujours bien noué dans son morceau de toile… Les gendarmes à présent se soulèvent un peu pour voir s’il est toujours à la même place… Il y est… personne n’y a touché. Maurin n’est donc pas venu pendant leur assoupissement.

Tous deux alors, écartant un peu les buissons qui leur donnent asile, se regardèrent d’un œil effaré, fiévreux, visionnaire. Il est six heures du matin… Tout à coup… quoi ?… le bruit d’un caillou qui roule le long d’un sentier pierreux…

Un caillou ne remue pas seul… Il faut qu’un pied le pousse…

Les deux chapeaux, dorés par le soleil, de nouveau se soulèvent discrètement au-dessus de la broussaille… Les deux gendarmes dardent leur puissant regard vers le lieu d’où est parti le bruit… Non ! non ! ils ne se trompent pas ! Là-bas, là-bas, assez loin encore, entre ce gros chêne et ce pin abattu… C’est bien lui ! — On ne peut s’y méprendre. — C’est un mousquetaire !

Ils se tapirent encore dans leur cachette, — s’écrasèrent, se firent petits, invisibles ; ils étaient prêts à la lutte, tout prêts à bondir sur l’homme, tels des tigres dans la jungle !

Et leur cœur palpitait, à l’idée du triomphe enfin assuré — car, ils ne l’ignoraient point, le mousquetaire, embarrassé comme eux de son épée et de ses bottes, ne leur échapperait pas aussi facilement que