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L’ILLUSTRE MAURIN

s’il eût été chaussé de ses espadrilles… Son feutre à plume le gênerait aussi !

Réfléchissant à cela, ils s’aplatissaient toujours davantage comme lièvre au gîte, et ouvraient le bon œil ; mais rien ne se montrait plus…

Le mousquetaire les avait-il éventés ?… Ils se relevèrent un peu, pour mieux voir… Nom de nom ! cré coquin de sort ! le mousquetaire s’éloignait… Déjà il n’était plus là-bas qu’un petit mousquetaire pas plus gros qu’un polichinelle d’enfant. Il avait dû apercevoir le sommet des chapeaux militaires… et il filait sans trop de hâte, s’arrêtant et se retournant parfois d’un air d’inquiétude, pour s’assurer qu’il n’était pas poursuivi.

Plus de doute : il les avait vus ! il allait leur échapper !…

D’un bond simultané, sans s’être rien communiqué de leurs craintes, ils furent debout !…

Ils s’élancèrent sur ses pas…

Alors, le mousquetaire pressa le pas… et ils comprirent qu’il était résolu à les faire marcher beaucoup… Il faisait de savants détours. Pour l’atteindre, ils auraient fort à faire !… Le bougre, parbleu, connaissait toutes les sentes, et eux ne les connaissaient pas !

Il les menait par des passages impossibles, gravissait à tout instant une cime, pour redescendre tout à coup au fond d’un ravin, — et quand les deux gendarmes lourdement bottés croyaient le tenir acculé au fond d’une de ces combes profondes, le mousquetaire, dans son invraisemblable costume qui leur semblait une moquerie, surgissait tout à coup, au-dessus de leur tête, là-haut, perché sur une roche en pointe, en plein