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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/358

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L’ILLUSTRE MAURIN

feu qu’à la chasse ; et je mettais mon honneur à vouloir que toutes choses fussent faites en leur temps et pour le mieux. Sans le travail, faute d’avoir assez de mouvement, on deviendrait enragé et capable de tout, des sauvages, quoi ! Aussi je suis mal content, je peux vous le dire, lorsque j’entends nos députés, pour flatter les travailleurs, leur répéter de mille manières que la politique fera le bonheur du peuple et que le bonheur, c’est de ne rien faire ! et ceci, et cela, et le reste !

« On dit que des gens qui n’y étaient pas forcés ont travaillé toute leur vie et qu’ils en étaient bien contents, et je pense que s’ils travaillaient avec ce contentement, c’est que le travail n’est pas un mal. Mais il y a des gens qui voudraient passer leur vie à se regarder le nombril — et la République leur laisse croire que c’est ça le bonheur des riches ! M’est avis qu’en apprenant à lire aux petits enfants et à compter, on devrait profiter de l’occasion pour leur donner d’autres idées sur ce travail manuel, comme vous dites, car si cela dure, les petits des ouvriers mépriseront la forge ou l’établi parce qu’ils auront appris à compter et à lire. Je pense que les livres devraient mener le laboureur à labourer mieux et le charpentier à mieux charpenter.

— Bravo ! Maurin, dit M. Rinal. Un homme révolté contre la nécessité du travail se dévoue lui-même au malheur ! Autant ne pas accepter la nécessité de respirer… J’essaie d’apprendre à votre fils les choses que vous venez de dire. Si je lui vois une aptitude marquée vers ceci ou cela, je le pousserai, sinon je le préparerai à être un cultivateur, connaissant les progrès de la science agricole ou en mesure de se les assimiler. Mais surtout, je le garderai contre cet orgueil imbécile des