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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE XXXIX


Où l’on verra, grâce à la visite singulière que fît à M. Cabissol une veuve éplorée, qu’il y a morale et morale.


— J’ai, à mon tour, dit M. Cabissol, une histoire à vous conter à propos de votre réflexion sur ce goût de donner, qui est si touchant dans le peuple.

— Voyons votre anecdote, dit M. Rinal. Elle n’aura pas de peine à être plus intéressante que la mienne, laquelle n’est à proprement parler qu’un simple exemple de la facilité qu’ont les primaires à se monter la tête et à se croire des savants parce qu’ils ont découvert l’alphabet, qui fut en son temps une bien belle invention. Nous vous écoutons, monsieur Cabissol.

— À vos souhaits, dit M. Cabissol.

Et il commença :

— L’autre matin, une brave femme, en grand deuil, vint frapper à ma porte. Elle arrivait d’un village voisin, à pied, pour me consulter.

« — Je suis veuve. Mon mari est mort il n’y a pas quinze jours.

« — Et que voulez-vous ?

« — Je viens vous voir, monsieur Cabissol, pour que vous me fassiez la morale ! »

« Pour le coup, je tombai de mon haut, et vous auriez fait comme moi.