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L’ILLUSTRE MAURIN

Maurin et Pastouré attendaient, l’arme au pied, debout devant le sémaphore, et trois chiens bondissaient de joie autour d’eux.

— En route ! s’écria Maurin, dès qu’il vit venir à lui les nobles invités. Et dès à présent, pour le perdreau, le lièvre et le lapin, nous sommes en chasse.

— Vous avez là de beaux chiens, lui dit le juge d’instruction.

— Un seul, le griffon, est à moi, répliqua Maurin sans connaître la qualité de son interlocuteur. Cet autre, figurez-vous, est un chien qu’on m’accuse d’avoir volé.

— Ah ?

— Et j’ai été condamné par ces imbéciles de juges de Draguignan !

— Ah ! fit l’autre surpris et inquiet, contez-moi donc cela.

Maurin expliqua :

— Un chasseur, que je ne connaissais pas, battait son chien injustement… Je veux l’en empêcher. Il se fâche. Naturellement je le rosse. Il s’en va, les yeux pochés. Son chien me suit et ne veut plus de son ancien maître. Qu’est-ce que j’y pouvais ? Eh bien, on m’a condamné !… Il n’y a pas de justice !…

— Il fallait, dit le juge, ramener le chien à son maître.

— J’ai fait ainsi, mais la bête m’est toujours revenue. Ça vous a un nez, ces bêtes-là : ça préfère les caresses aux coups ! Oui ! elle m’est revenue de Cannes où je l’avais conduite pour la ramener à son maître. Convenez que je n’étais pas forcé d’entreprendre ce voyage, qui m’a coûté de l’argent. Eh bien, la pauvre bête m’a