Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
360
L’ILLUSTRE MAURIN

ranée, ville flottante dont les fumées traînaient à l’arrière, comme les souples étamines du vaste pavillon de combat. La rusée et audacieuse Mme Labarterie suivit le beau Maurin, avec l’espoir que le vieux Pastouré ne tarderait pas à s’en aller bientôt parler seul dans quelque ravin giboyeux.

Maurin et Pastouré, en compagnie de la belle Mme Labarterie, s’étaient à peine éloignés de quelques pas, que M. Couder fit à M. Cabissol les plus vifs reproches pour l’avoir, sans le prévenir, mis en rapport avec un Maurin !…

— Car enfin nous aurons certainement à le poursuivre et à le condamner un jour. Vous compromettez deux magistrats, le procureur et moi.

— Quel enfantillage ! dit M. Cabissol en riant, Maurin est l’ami du gouvernement. J’ai voulu, en vous le faisant connaître, rendre service en même temps et à vous et à la magistrature. S’il doit jamais vous être amené à Draguignan entre deux gendarmes, ce qui m’étonnera, vous le connaîtrez par avance et vous aurez, le connaissant, de bonnes raisons pour l’absoudre.

— En attendant, dit M. Couder avec aigreur, je ne comprends pas que M. Labarterie ait confié sa femme à cette manière de bandit.

— Croyez bien, dit Labarterie ingénument narquois, que ma femme n’emporte à la chasse ni bijoux ni portefeuille !

M. Cabissol profita de l’équivoque :

— Maurin n’a jamais fait tort à personne, s’écria-t-il d’un air indigné. En vérité, messieurs les magistrats, vous m’offenseriez personnellement, à partir de ce moment, en parlant de lui à la légère.