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L’ILLUSTRE MAURIN

— Mon avis, dit le procureur impérial de la République du roi, est que nous ferions bien de nous retirer. Venez-vous, mon cher juge ?

Les deux magistrats se levèrent.

— Prenez garde, messieurs, que c’est décidément une offense personnelle que vous me faites si vous nous quittez ainsi, dit M. Cabissol d’un ton des plus sérieux.

— Je ne connais que mon devoir, répliqua le procureur sèchement.

— Et je vous suis, mon cher procureur, dit le juge. Au demeurant, nous aurons moins chaud, dans le jardin de l’hôtel, à Sainte-Maxime.

Quand il les vit bien résolus, M. Cabissol leur déclara :

— Eh bien, messieurs, on pourra lire, avant trois jours dans les journaux de la région, le récit de notre journée d’ouverture, signé de mon nom. On vous y verra jouer sous vos propres noms le rôle que vous prenez en ce moment. Et comme mon ami Maurin est fidèlement aimé de tout le monde dans la région, en dépit de ses petits démêlés avec les représentants de la loi, j’ai le regret de vous affirmer que votre popularité en sera au moins compromise.

« Et vous, monsieur le procureur, qui avez un frère député ; et vous monsieur le juge, qui avez un frère sous-préfet, vous apprendrez peut-être bientôt tous deux que l’influence de vos frères ne vaut pas celle d’un Maurin ! et qu’il eût mieux valu, pour l’honneur de votre carrière, laisser ce Maurin-là tranquille.

« C’est la première fois de ma vie que je me permets de menacer un fonctionnaire des foudres de la presse ;