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L’ILLUSTRE MAURIN

votre maladroit coup de fusil a fait un bruit du diable… les lapins naturellement ont fichu le camp.

Tout le monde riait…

— Alors, poursuivit Maurin qui ouvrit son immense carnier posé à côté de lui, alors, à la place… j’ai pris deux melons.

Il tira de son sac deux beaux melons bien mûrs et sans doute juteux à point, et les déposant sur la nappe :

— Quand vous les aurez assez vus, j’irai les mettre à rafraîchir dans le puits.

Les melons furent flairés par les amateurs.

Le procureur du roi de la République impériale regarda d’un air d’intelligence et de reproche son voisin M. Cabissol.

— Eh bien, monsieur ? souffla-t-il à son oreille… que dites-vous de cela ?

Et le juge d’instruction acheva durement :

— C’est le vol, tout simplement !

— Peuh ! fit M. Cabissol en riant… à la chasse… en Provence… quand il fait si chaud… un grain ou deux de raisin !… un melon ou deux !… Si le propriétaire vous voit, on lui crie : « Je prends ça, ou ça ! » et il répond : « Faites, faites… à votre convenance… »

— Vous croyez ? dirent les magistrats.

— C’est aussi naturel, dans ce pays-ci, que de dire à des gens, qu’on devine en route pour aller se baigner dans les calanques du voisinage : « Eh bien, vous allez voir s’il y a toujours d’eau à la mer ? »

— Aussi naturel ! répliquèrent à la fois les deux magistrats, sur un ton d’incrédulité…

— Demandez à Maurin.