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L’ILLUSTRE MAURIN

pour arriver, en ligne droite, avant le fauve, au point précis d’où il pensait pouvoir le fusiller.

Que de fois les chasseurs en battue avaient aperçu, sur une pente chargée de bruyères, le sanglier fuyant, émergeant de la verdure, y disparaissant par bonds égaux, à la façon du marsouin dans les vagues, tandis que, sur le côteau opposé, ils devinaient Maurin aux mouvements profonds et réguliers du mâquis remué comme une eau ! Maurin nageait dans la brousse… Il en sortait tout à coup et aussitôt on le voyait couper, en enfilant une sente, la ligne de fuite du sanglier, se débarrasser de ses manchons en un clin d’œil et saisir son fusil porté en bretelle.

Grâce à ses fameux manchons, Maurin prenait des traverses que les sangliers eux-mêmes évitent volontiers, eux dont chaque bond écrase, broie, nettoie la broussaille !…

Depuis quelques heures, Maurin et Pastouré chassaient ensemble et, depuis une grande heure, depuis midi, les gendarmes les poursuivaient.

— Quitte-moi, Pastouré. L’affaire se gâte, déclara Maurin.

— Je reste avec toi.

— Pourquoi faire ? tu te perdras sans me servir… Va-t’en ! Si je suis pris, tu m’aideras mieux du dehors ; j’ai peur cette fois… File ! Emmène les chiens.

Pastouré obéit… Maurin disparut dans la broussaille. Quand il en sortit, il se trouva nez à nez avec un gendarme. Vite, il y rentra comme un nageur plonge.

Le gendarme monta sur une roche élevée, cherchant à voir, de là, sur quel point son gibier pourrait bien ressortir encore.