déchirantes, pressées, comme entassées sur un fond inégal et plein de trous.
Toute la stratégie du roi des Maures tendait à attirer ses ennemis dans une manière de large tranchée ouverte de main d’homme entre la brousse épaisse et un bois de pins qui abritait de hautes bruyères. Ce chemin, véritable cul-de-sac, aboutissait au pied d’un mur naturel d’une grande hauteur.
À force de manœuvres, de marches et de contremarches savantes, le chasseur, au bout de deux heures, parvint à se rapprocher du bois si fourré où il espérait trouver son salut.
Pour arriver plus sûrement à se faire suivre encore, il se laissa approcher… Ses poursuivants y furent pris. Ils crurent que Maurin, cette fois, leur laissait deviner la direction qu’il avait dessein de suivre.
Grondard dit à Sandri :
— Il n’en sortira pas. Suivez-le, vous autres. Moi, je vais l’attendre de l’autre côté. Il ne doit pas connaître ce fond-là, je le devine à la manière dont il se gouverne : il va s’y perdre. Vous l’aurez au bout du chemin. Il est dans une souricière…
Des deux gendarmes, l’un suivit directement Maurin dans la tranchée, l’autre courut sous bois pour l’empêcher de fuir à sa droite. Quant au charbonnier, il veillait sans doute là-bas, à l’autre extrémité de la brousse.
Maurin, qui avait saisi leur plan pour le leur avoir suggéré, marchait sans bruit, de son pas allongé et souple, sur les cailloux semés d’aiguilles de pin.
L’impénétrable fourré se dressait sur sa gauche comme un mur tissé, comme une barrière impossible à rompre, haute de trois mètres… Tout en marchant, il