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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE XLVII


La beauté du fléau hideux.


Le vent soufflait, puis s’apaisait pour reprendre encore.

Depuis deux jours on combattait sans succès l’incendie, à cause de ces sautes de vent qui déroutaient toutes les manœuvres.

Un peuple de travailleurs était accouru.

Préfet, sous-préfet, commandant de gendarmerie, capitaines forestiers, forestiers, bûcherons, charbonniers, tout le monde était à son poste. On taillait, hache en main ; on abattait en toute hâte des pans de forêt pour opposer à l’incendie une barrière de feu ; on creusait des tranchées, on combinait l’attaque contre le fléau plus terrible qu’une armée.

Le soir du troisième jour arriva. Des milliers d’hectares de bois, bruyères, genêts, pins de tout âge, flambaient et fumaient.

La nuit revint et montra, dans toute son effroyable gloire, l’incendie dont naguère la clarté du soleil noyait et dissimulait la magnificence.

Et de tous côtés, sur un fond éblouissant de flammes tordues, on voyait se démener des silhouettes noires, des travailleurs acharnés, armés de pics, de haches,