CHAPITRE XLVIII
— Maurin ! grondait un forestier, c’est lui l’incendiaire, et il est là ! Sans doute fait-il semblant de combattre le feu tandis que, au contraire, il aide l’incendie !… Le mistral souffle aujourd’hui, mais hier il ne soufflait pas ; à de certains moments, où même on ne sentait pas le moindre souffle de brise, on a vu de nouveaux foyers s’allumer instantanément de divers côtés, en arrière des flammes, si bien que — voyez — l’incendie a décrit un grand cercle. Il a gagné en arrière de sa marche, et même à contre-sens du vent.
— Maurin !… Ce n’est pas possible ! disait le préfet.
— Maurin n’a pas mis le feu à sa montagne, pas même par inadvertance, affirmait énergiquement Cabissol.
Mais Sandri interrogé eut l’air si précis en ses accusations qu’on se mit à rechercher Maurin.
Plusieurs escouades furent chargées de l’amener devant le préfet. Sandri prit dix hommes avec lui, pas un de moins !
Grondard le vit passer et lui cria :
— Je vais avec toi ! je sais où il est !
Ils suivirent un vieux chemin forestier où la marche, en pleine nuit, était parfois difficile. À droite et à gauche, le bois.