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L’ILLUSTRE MAURIN

toute une forêt jusque-là épargnée flambait à son tour dans un grondement de tonnerre et de rage désespérée.

Au point du jour, la beauté du hideux fléau disparut.

L’aurore sembla le mettre en déroute, le rendre honteux. Le soleil, flamme de bonté, faisait pâlir les flammes de haine. Le noir sinistre des terrains charbonneux, des grands pins calcinés, véritables légions de géants morts restés debout, apparaissait maintenant aux yeux consternés ; et les fumées des bois des Maures s’apercevaient de tous les horizons, et couvraient la mer au loin comme d’un immense deuil flottant.

Le quatrième soir, le mistral se leva ; l’incendie prit une direction fixe ; mais sa rage devint folle… L’incendie alors parut être le vent lui-même, le vent en flammes ! car le feu partout prit les formes du vent, sa vitesse et ses grondements.

Cela heureusement ne dura que quelques heures.

Des bataillons de ligne avaient été appelés pour combattre le fléau… Des légions de travailleurs toujours et sans relâche se démenaient devant les flammes, dans la brûlade, mais tous les efforts les mieux calculés restaient impuissants. Et c’est alors seulement que, devant l’étendue du sinistre, toute lutte étant devenue inutile, on prêta attention à la grave parole de Sandri :

— L’incendiaire, c’est Maurin des Maures !