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L’ILLUSTRE MAURIN

chez les Espagnols. Or, chaque pays a ses usages et, en Espagne, il n’est pas malséant d’éructer à table.

— Éructer ? interrogea Maurin.

M. Rinal traduisit le mot en provençal et poursuivit :

— Un jour que plusieurs grands personnages, invités à sa table, se livraient à cet exercice et se hâtaient, après chaque éructation, de prononcer la formule consacrée : Per la sanità del cuorpo ! c’est à dire : pour la santé du corps…

Est-ce qu’on leur répond : Dieu vous bénisse ? interrompit Maurin.

— … le maréchal de Bassompierre, qui était un colosse et un joyeux compagnon… C’est lui, par parenthèse, qui vidait d’un trait une de ses énormes bottes évasées, transformée en hanap…

— Hanap ? interrogea Maurin.

— « Gobelet », traduisit M. Rinal qui reprit :

— … le maréchal donc, impatienté et même blessé, par ce qu’il représentait le roi de France, souleva sa lourde cuisse de géant pour mieux marquer sa préméditation et, appuyant son geste d’une manière de coup de canon, il prononça simplement : Per la sanità del cuorpo !

— À la bonne heure, s’écria Maurin, il sauvait l’honneur de la France !

— Comme Cambronne à Waterloo !

— Je la conterai à Pastouré, celle-là, dit Maurin, il sera content.

Lorsque, à son tour, Pastouré apprit par Maurin l’histoire de Bassompierre, il tendit le bras, et levant le pouce de son poing fermé :